Une interprétation précise et souple

02/09/2018
Olyrix - Charles Arden
Nature of things

Les Métaboles inaugurent leur résidence à Royaumont dans la nature des choses

Savamment construit, le programme reflète en effet les talents et l'identité des Métaboles (récemment salués par le 28e prix Liliane Bettencourt pour le chant choral) : huit artistes vocaux (formation la plus concentrée de cet ensemble modulable) vantent les mérites de l'art, de la nature et du lien entre polyphonie Renaissance et création contemporaine. Le concert dans le Potager-Jardin montre ainsi la modernité du "Chant des oiseaux" de Clément Janequin (1485-1558), l'envoûtement des nomades "Magic Songs" de Raymond Murray Schafer (compositeur écologiste, théoricien et enseignant canadien, né en 1933) avant "The Nature of Things", une création mondiale de Diana Soh (née à Singapour en 1984, et ayant composé cette oeuvre à l'issue d'une résidence à : un beau passage de relais donc avec Les Métaboles qui y entament la leur).

Parfaite entrée en matière, la pièce de Janequin associe déjà deux qualités cardinales des oeuvres suivantes : une interprétation précise et souple (à l'image de la direction du chef) et un effet de dissémination bruitiste doucement amplifiée par la vingtaine de haut-parleurs. Ceux-ci exprimeront leur plein potentiel en diffusant les retouches en temps réel sur la dernière pièce, avant cela ils soutiennent délicatement sans les trahir, les sons bouches fermées et aspirés des inuits mais également le cri du loup auxquels rend hommage "Magic Songs" de Raymond Murray Schafer.
Le choeur s'éclate alors au pourtour du jardin, entamant avec la création mondiale "The Nature of Things" de Diana Soh, un cheminement à travers la flore et les registres vocaux électroniques (des sirènes jaillissant de scies musicales, un chuchotement devenant didgeridoo digital et les souples cantilènes composant progressivement des extraits du "De Rerum Natura" écrit par l’épicurien Titus Lucretius Carus).