Le choeur des Métaboles admirable d'agilité et de beauté

18/10/2023
Télérama - Sophie Bourdais
Le Moine et le Voyou

Excellente idée d’avoir accolé des œuvres mi-profanes, mi-sacrées de Francis Poulenc (1899-1963) à la nouvelle version de la Messe, un jour ordinaire, de Bernard Cavanna (né en 1951). Si Claude Rostand voyait en Poulenc « un moine et un voyou », le premier prend ici le pas sur le second : rien de provocant dans Un soir de neige, poignante cantate de guerre d’après Paul Éluard, ni dans les Quatre Motets pour un temps de pénitence et le motet Exultate Deo. Constante de ces pièces, la peur des ténèbres et de la mort conduit dans les motets à une vibrante profession de foi. Le contraire se produit chez Cavanna, où l’appel à l’aide d’une jeune toxicomane percute un un rituel liturgique qui s'emballe jusqu'à la folie. D'une noire ironie, cette Messe explosive réclame aux interprètes une grande virtuosité. Admirable de beauté et d'agilité le choeur des Métaboles s'expose d'abord a cappella chez Poulenc, puis dispute chez Cavanna, une étourdissante partie de ping pong avec l'ensemble Multilatérale, le violon de Noëmi Schindler, les sopranos Isabelle Lagarde et Emilie Rose Bry, et le ténor Kiup Lee. A la direction musicale, léo Warynski se montre aussi à l'aise dans la ferveur que dans le chaos.